La naissance des États-Unis
“La liberté est une plante qui croît vite, une fois qu'elle a pris racine.” George Washington
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J’ai souhaité rebondir sur l’actualité pour cette édition et revenir à la création des États-Unis.
Bonne lecture,
Alexandre
Ce tableau d’Howard Chandler Christy représente la signature de la Constitution des États-Unis à Philadelphie le 17 septembre 1787. On reconnaît Benjamin Franklin assis devant l’estrade et la haute silhouette (1 m 90) de George Washington, général émérite de la guerre d’Indépendance et futur premier président des États-Unis.
Le papier que signe Richard Spaight gouverne encore aujourd’hui la vie politique des 340 millions d’Américains.
Mais n’allons pas trop vite.
De la révolte à la révolution
Ce 16 décembre 1773 dans le port de Boston se joue un événement qui fera date. Une soixantaine d’hommes prennent possession des 3 navires de la Compagnie commerciale des Indes et jettent les cargaisons par-dessus bord. Quarante-deux tonnes de thé finissent dans les eaux du port (sans même un nuage de lait). En cause : la pression fiscale imposée aux 13 colonies nord américaines de l’Empire Britannique.
Il faut chercher l’origine de cette histoire dans la Guerre de 7 ans qui oppose les puissances européennes sur leur propre territoire mais aussi en Inde et en Amérique. C’est une sorte de filage des deux conflits mondiaux à venir au XXe siècle.
Les Britanniques triomphent en Amérique du Nord en 1763. Mais la victoire est coûteuse. L’empire impose donc un effort financier à ses colonies américaines pour renflouer les caisses. Les nouvelles taxes et l’interdiction du roi George III de s’aventurer plus à l’ouest du continent ne sont pas supportées par les colons.
La Boston Tea Party évoquée en introduction est donc la première révolte qui ouvre la voie à la révolution. La guerre d’Indépendance entre les 13 colonies d’un côté et l’armée britannique de l’autre éclatent deux ans après.
Des 13 colonies britanniques aux 13 états indépendants
Les insurgés déclarent l’indépendance le 4 juillet 1776 depuis Philadelphie. Le principal rédacteur s’appelle Thomas Jefferson, alors âgé de 33 ans.
Nous tenons pour évidentes pour elles-mêmes les vérités suivantes : tous les hommes sont créés égaux ; ils sont doués par le Créateur de certains droits inaliénables ; parmi ces droits se trouvent la vie, la liberté et la recherche du bonheur.
Les gouvernements sont établis parmi les hommes pour garantir ces droits, et leur juste pouvoir émane du consentement des gouvernés. Toutes les fois qu'une forme de gouvernement devient destructive de ce but, le peuple a le droit de la changer ou de l'abolir et d'établir un nouveau gouvernement, en le fondant sur les principes et en l'organisant en la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur.
Les pères fondateurs des États-Unis puisent leurs idées dans l’œuvre des philosophes des Lumières comme Locke, le grand inspirateur du libéralisme, Montesquieu ou Voltaire que Benjamin Franklin rencontre plus tard à Paris (« On aurait cru que Solon venait d’embrasser Sophocle ! » raconte Condorcet).
Ces “vérités évidentes” (le terme est de Franklin) sont révolutionnaires pour l’époque : les hommes sont créés égaux, ils ont des droits, la vie la liberté et enfin la recherche du bonheur. Ce bel universalisme a toutefois une limite et pas des moindres : l’esclavage. Hors de question pour les représentants des 13 colonies de remettre aussi vite en question le fonctionnement d’une grande partie de l’économie et bien souvent de leur propre exploitation.
Malgré cela, le texte de Jefferson inspire de l’autre côté de l’Atlantique la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme du 26 août 1789 comme un séisme qui décide de rejoindre son épicentre.
Suivant la tradition du volontariat quand il s’agit d’affaiblir l’empire britannique, la France est le premier pays à reconnaître les États-Unis en 1778 sous l’impulsion de Benjamin Franklin et du Comte de Vergennes (secrétaire d’État aux affaires étrangères de Louis XVI). Les troupes de La Fayette et de Rochambau apportent une aide décisive à celles de George Washington dans le conflit en 1881, lorsque les Britanniques capitulent à Yorktown. Le traité de Paris en 1783 viendra officialiser l’indépendance et la reconnaissance des 13 états de ce qui est devenu entre-temps une Confédération.
Mais rien n’est gagné.
Rappelez-vous, la démocratie ne dure jamais longtemps. Elle gaspille, s'épuise et se meurt. Il n'y a jamais eu une démocratie qui ne se soit suicidée.
John Adams, 1776
De la Confédération à la Fédération
Si la guerre est gagnée sur le champ de bataille, elle ne l’est pas sur le terrain politique. La Confédération repose sur un congrès lui-même assujetti aux 13 états jaloux de leurs prérogatives notamment quand il s’agit de lever l’impôt. La gouvernance est lente et inefficace alors que l’inflation devient insupportable. Jusqu’à une nouvelle révolte ?
L’idée d’une Fédération fait son chemin. Le travail sur la Constitution commence, mené par James Madison. L’idée est de passer d’une confédération à une fédération c’est-à-dire de passer d’une souveraineté des états à une souveraineté de l’État.
Cela effraie les représentants des ex-colonies.
C’est sans doute pour cela que la constitution américaine s’inspire tellement de Montesquieu et Locke en adoptant le principe de séparation des pouvoirs afin d’éviter l’avènement d’un gouvernement tyrannique.
Pour qu’on ne puisse pas abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir.
Montesquieu
Dans cette constitution, le Président est étroitement “surveillé” par les autres institutions comme le Congrès. C’est le principe des Checks and Balances (contrôle et contre-pouvoir) imaginé par la convention des constituants.
[…] Ils avaient délimité le cadre l'une présidence digne mais modeste par le biais d'une Constitution héritière des Lumières et focalisée sur les checks and balances, cet équilibre des pouvoirs si cher à Locke et à Montesquieu. Et cette Constitution s'était voulue sans ambiguïté en plaçant la présidence dans l'ombre du Congrès, lequel était expressément désigné comme l'épicentre du pouvoir politique.
Georges Ayache dans Les présidents des États-Unis, éd. Tempus
Le 17 septembre 1787, après des semaines de négociations, les pères fondateurs (Washington, Franklin, Adams, Jefferson, Jay, Madison, Jefferson, Lee, Paine et Wilson) et les représentants des états se réunissent afin de signer la Constitution.
Les premiers mots, rédigés par le Gouverneur Morris, sont aujourd’hui connus de tous :
We, the People of the United States.
Pour aller plus loin :
Georges Ayache, Les présidents des États-Unis, éd. Tempus
Le podcast “We the people : La Constitution des États-Unis”
Démocratie américaine : les présidents et les partis (1789-2021)
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Alexandre
ultra intéressant :)