Martin Luther King Jr. : I have a dream
Vous vous souvenez des premiÚres minutes de ce célÚbre discours ? Non.
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Il fait chaud à Washington ce 28 août 1963.
200 Ă 300 000 personnes dĂ©filent du Washington Monument jusquâau Lincoln Memorial Ă un kilomĂštre. Quelques artistes comme Bob Dylan, Peter, Paul and Mary ou Joan Baez animent la Marche.
Aux avant-postes, on retrouve un certain nombre de personnalitĂ©s comme Sydney Poitier ou Charlton Heston mais aussi Martin Luther King, le patron dâune des 6 organisations Ă lâorigine de cette marche.
Le pasteur prend la parole.
Vous vous souvenez des premiĂšres minutes de son discours ? Non.
Pourquoi ? En comparaison du reste, il est oubliable et pour la majoritĂ© dâentre nous oubliĂ©.
AccrochĂ© Ă ses notes, Martin Luther King revient longuement sur les promesses non tenues de lâabolition de lâesclavage 100 ans auparavant et la posture pacifique des manifestants.
Puis, aprÚs 4 minutes de discours, la chanteuse Mahalia Jackson, située derriÚre l'orateur, s'adresse à lui :
"Raconte-leur l'histoire Ă propos de ce rĂȘve !"
L'homme lĂšve la tĂȘte, se dĂ©tache de ses notes. Il va leur raconter son rĂȘve plutĂŽt que de sâaccrocher Ă son discours initial :
âI have a dream that one day this nation will rise up and live out the
true meaning of its creed: "We hold these truths to be self-evident, that all
men are created equal."I have a dream that one day on the red hills of Georgia the sons of
former slaves and the sons of former slave owners will be able to sit down
together at the table of brotherhood.I have a dream that one day even the state of Mississippi, a state
sweltering with the heat of injustice, sweltering with the heat of oppression,
will be transformed into an oasis of freedom and justice.I have a dream that my four little children will one day live in a nation
where they will not be judged by the color of their skin but by the content
of their character.I have a dream today.
I have a dream that one day down in Alabama, with its vicious racists,
with its governor having his lips dripping with the words of interposition
and nullification - one day right there in Alabama little black boys and
black girls will be able to join hands with little white boys and white girls as
sisters and brothers.I have a dream today.
I have a dream that one day every valley shall be exalted, and every
hill and mountain shall be made low, the rough places will be made plain,
and the crooked places will be made straight, and the glory of the Lord
shall be revealed and all flesh shall see it together.â
Il ne dit pas ce quâil avait prĂ©vu de dire.
C'est pourtant l'Ă©cho de ce rĂȘve que nous entendons encore 60 ans aprĂšs.
đ§ Food for thought
Lâanaphore âI had a dreamâ est moins une improvisation que le recyclage dâune prĂ©cĂ©dente prise de parole finalement ârejouĂ©eâ auprĂšs dâun trĂšs large public ce 23 aoĂ»t 1963.
Lâimprovisation rĂ©side donc dans le fait de choisir en cours de discours de bifurquer sur un autre texte avec le rĂ©sultat que lâon connaĂźt.
Et si, comme lui, nous prenions le temps dâĂ©crire, avec style, les idĂ©es que nous portons afin dâavoir plus dâimpact ? Et quand nous sentons que câest le moment, improviser ce qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© Ă©crit et quelquefois dit plutĂŽt que de suivre un discours trop prĂ©visible ?
đș Une vidĂ©o bonus
Jâai invitĂ© lâannĂ©e derniĂšre Julien Barret, auteur dâun petit livre que je vous recommande âParler avec styleâ. Il mâa inspirĂ© cette Ă©dition dâInspistorik.
Voici nos échanges en vidéo :