Abraham Lincoln : Le discours de Gettysburg
« Le monde ne sera guĂšre attentif Ă nos paroles, il ne sâen souviendra pas longtemps » dit-ilâŠ
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Ce 19 novembre 1863, Abraham Lincoln vient rendre hommage aux morts de la terrible bataille de Gettysburg. Entre le 1er et le 3 juillet de la mĂȘme annĂ©e, plus de 7 800 soldats ont pĂ©ri prĂšs de cette petite ville de Pennsylvanie. Les unionistes lâemportent malgrĂ© tout sur les confĂ©dĂ©rĂ©s. Câest un tournant.
Triste victoire tout de mĂȘme. Beaucoup de familles y ont perdu un pĂšre, un frĂšre, un fils. Le seiziĂšme prĂ©sident amĂ©ricain vient inaugurer ce jour-lĂ le cimetiĂšre de Gettysburg oĂč reposent les combattants. La guerre nâest pas finie, Lincoln vient encourager chacun Ă continuer Ă se battre.
Les officiels font de longs discours. TrĂšs longs, trop longs.
Câest Ă son tour.
Lâhomme est grand (1 m 93), mince et habillĂ© dâun long manteau noir qui ne fait quâallonger sa silhouette un peu plus. Câest sĂ»r on le voit de loin, mĂȘme sans son habituel haut-de-forme brun en fourrure de castor.
Il envisage la foule pendant quelques secondes. Il sait que le silence est la meilleure façon de commencer son discours.
Il se lance enfin :
Il y a quatre-vingt-sept ans, nos pÚres ont donné naissance sur ce continent à une nouvelle nation conçue dans la liberté et vouée à la thÚse selon laquelle tous les hommes sont créés égaux.
Nous sommes maintenant engagĂ©s dans une grande guerre civile, Ă©preuve qui vĂ©rifiera si cette nation, ou toute autre nation, ainsi conçue et vouĂ©e au mĂȘme idĂ©al, peut rĂ©sister au temps. Nous sommes rĂ©unis sur un grand champ de bataille de cette guerre. Nous sommes venus consacrer une part de cette terre qui deviendra le dernier champ de repos de tous ceux qui sont morts pour que vive notre pays. Il est Ă la fois juste et digne de le faire. Mais, dans un sens plus large, nous ne pouvons dĂ©dier, nous ne pouvons consacrer, nous ne pouvons sanctifier ce sol. Les braves, vivants et morts, qui se sont battus ici lâont consacrĂ© bien au-delĂ de notre faible pouvoir de magnifier ou de minimiser.
Le monde ne sera guĂšre attentif Ă nos paroles, il ne sâen souviendra pas longtemps, mais il ne pourra jamais oublier ce que les hommes ont fait.
Câest Ă nous les vivants de nous vouer Ă lâĆuvre inachevĂ©e que dâautres ont si noblement entreprise. Câest Ă nous de nous consacrer plus encore Ă la cause pour laquelle ils ont offert le suprĂȘme sacrifice ; câest Ă nous de faire en sorte que ces morts ne soient pas morts en vain ; Ă nous de vouloir quâavec lâaide de Dieu notre pays renaisse dans la libertĂ© ; Ă nous de dĂ©cider que le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, ne disparaĂźtra jamais de la surface de la terre.
En tout, Lincoln prend la parole 2 minutes et prononce 10 phrases dans un vocabulaire sans fioriture.
18 mois plus tard, les unionistes gagnent définitivement la guerre.
160 ans aprÚs, le monde entier se souvient de ce discours et de sa conclusion : « Le Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
En 2 minutes, Lincoln a tout dit.
Sources :
Speak like Churchill, Stand like Lincoln, James C. Humes
Cet épisode de podcast sur le discours de Lincoln.
Morale de lâHistoire :
Lincoln joue de sa grande taille en lâaccentuant avec ses vĂȘtements. Ils amplifient sa prĂ©sence naturelle.
Il sait ce quâil attend des gens qui lâĂ©coutent. Et lâobjectif du discours est quâils le fassent.
Le silence du dĂ©but va mettre le public en tension. Les officiels qui lâont invitĂ© ne reçoivent pas de remerciements. Lincoln va directement Ă l'essentiel.
Il soigne son introduction en reprenant le flambeau de pÚres fondateurs inscrivant son action dans la jeune histoire de son pays et de ses fondations (rappelez-vous de cette édition consacrée à Hannah Arendt).
Le discours est trĂšs marquant parce qu'il est trĂšs court. Cela nâempĂȘche pas lâusage de figures de styles nombreuses.
Il emploie des termes simples afin que tout le monde puisse le comprendre. Il sâagit dâunifier la nation Ă nouveau, pas dâune thĂšse de philosophie.
Il soigne aussi ses derniers mots qui sont ceux qui resteront : « Le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
Je vous dévoile le sujet du premier live
Jâai la joie de recevoir Jean-Ădouard GrĂ©sy, anthropologue et passionnĂ© dâHistoire pour le premier live vidĂ©o de Morale de lâHistoire.
Le sujet ? Les nĂ©gociations qui ont fait lâHistoire de France. Ăa sera lâoccasion de revenir des Ă©pisodes dĂ©cisifs de notre histoire et de leurs protagonistes.
Quand ? Vendredi 16 février à midi.
Je vous attends nombreux !
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Le bonus vidéo
Jâai eu la chance de recevoir il y a deux ans Julien Barret pour son livre âParler avec styleâ. Câest le bonus logique de cette vidĂ©o, non ?
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âAlexandre
PS : il y a une page cachée sur ce site⊠Là voici.
IntĂ©ressant, merci. Dans un autre genre de discours prononcĂ© par un grand (dans tous les sens du terme) bonhomme, le fameux âJe vous ai comprisâ de De Gaulle en 1958 Ă Alger. De lâart de parler Ă la fouleâŠ