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đïž Lâemploi du temps de Benjamin Franklin
Ce jour dâavril 1778, Voltaire est dĂ©jĂ trĂšs malade. Il tient nĂ©anmoins Ă recevoir Benjamin Franklin Ă lâAcadĂ©mie Royale. Les deux hommes sâapprĂ©cient et se font chaleureusement lâaccolade. La foule applaudit.
« On aurait cru que Solon venait dâembrasser Sophocle ! » raconte Condorcet
Lâimage de Condorcet est bien vue. Elle restera.
Benjamin Franklin, devenu ambassadeur non officiel des Etats-Unis en France, est un bien curieux personnage. Aux perruques et Ă la poudre de riz de la cour de Louis XVI, lâhomme politique amĂ©ricain oppose ses cheveux gris et son accoutrement des plus sobres. Ajoutez son accent amĂ©ricain et vous voilĂ avec une attraction dont se dĂ©lecte la cour.
Rappelons qui est Benjamin Franklin.
Si son portrait orne les billets de 100 dollars, câest quâil y a une raison. Nous pourrions en donner plusieurs. Chez ce polymathe, la connaissance est grande dans de nombreux domaines.
Câest dâabord un homme dâaffaires devenu suffisamment riche Ă 42 ans pour arrĂȘter de « travailler » grĂące Ă ses activitĂ©s dâimprimeur, dâĂ©diteur et au succĂšs de son Almanach.
Câest aussi un inventeur : nous lui devons le paratonnerre, les verres double foyer, ou encore le concept de bibliothĂšque municipale et le poĂȘle Ă bois.
"Je suis heureux de lâinvention des lunettes double, lesquelles servent autant pour les objets Ă©loignĂ©s que ceux qui sont sous le nez ; elles font de mes yeux un instrument des plus efficaces." Benjamin Franklin dans une lettre Ă un ami en 1784
Câest enfin un homme politique.
Pas nâimporte lequel car câest le seul Ă avoir apposĂ© sa signature sur trois documents essentiels de lâhistoire amĂ©ricaine : la DĂ©claration dâindĂ©pendance, le traitĂ© de Paris (qui met fin Ă la guerre dâindĂ©pendance) et enfin la constitution des Etats-Unis, toujours en vigueur. Câest donc lâun des pĂšres fondateurs de lâAmĂ©rique au cĂŽtĂ© notamment de George Washington.
Comment a-t-il fait pour mener une existence aussi riche ?
Nous avons de la chance. Benjamin Franklin a Ă©crit son autobiographie originellement Ă destination de son fils. Quâapprenons-nous dans cet ouvrage ?
Notamment quâil avait une façon bien Ă lui de gĂ©rer son temps comme vous pouvez le voir sur cette reproduction :
Ainsi, la journĂ©e commence par une seule question : « What good shall I do this day ? » Soit « quâest-ce que je vais faire de bien aujourdâhui ? ». Dans la colonne de droite, Franklin indique « prendre la rĂ©solution du jour ». Ainsi, il se fixe un objectif pour la journĂ©e. Ăa sera son fil rouge.
Avant le petit-dĂ©jeuner, Franklin sâattelle dĂ©jĂ Ă quelques recherches pour mieux prĂ©parer ses sessions de travail. Elles lui feront gagner du temps plus tard et ne mĂ©ritent pas de grandes rĂ©flexions. Parfait pour dĂ©buter la journĂ©e !
Vient ensuite le temps du travail et de la pause dĂ©jeuner. Idem, Franklin se propose de lire. Une belle façon de prendre lâair, au moins intellectuellement.
Vient le soir et le rangement du bureau pour garder les idĂ©es claires, le temps du divertissement comme la musique par exemple et enfin, le bilan. Ă la fin de la journĂ©e, il se demande : « Quâest-ce que jâai fait de bien aujourdâhui ? ». Câest la question miroir de celle du dĂ©but de journĂ©e. Le soleil se couche, quel est le bilan du jour ?
Cette discipline a sans doute contribuĂ© Ă la vie riche et passionnante de Benjamin Franklin dans de nombreux domaines forçant lâadmiration des plus beaux esprits du 18Ăšme siĂšcle.
Solon finalement impressionna Sophocle.
Source :
Cet extrait de lâautobiographie de Benjamin Franklin
đ§ MatiĂšre Ă penser
Toutes les journĂ©es ne sont pas roses. Un bon moyen de remettre un sens dans tout cela, de se dire que les Ă©preuves sur le chemin valent la peine dâĂȘtre surmontĂ©es, est de se rappeler notre objectif.
Câest la premiĂšre question que se pose Benjamin Franklin. Et si nous donnions un peu de hauteur Ă notre agenda en le transformant non plus en outil de gestion du temps mais de gestion de nos efforts ?
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