Bonjour à tous,
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Passons maintenant à notre sujet du jour,
Alexandre
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🎞️ La fugue
Dans le ciel de France, le passager d’un hélicoptère change à mi-chemin d’avis sur sa destination. Il troque la destination de Colombey-les-Deux-Eglises pour le quartier général de l’armée française en Allemagne situé à Baden-Baden.
Ce 29 mai 1968, De Gaulle joue gros.
Les événements de mai ne tournent pas en sa faveur. D’abord la révolte étudiante, puis celle des travailleurs. Sa tentative pour reprendre la main avec le discours du 24 mai est un bide malgré la proposition d’un référendum auquel il lie son destin. Le 27 mai, les grévistes refusent le compromis de Grenelle pourtant signé par les centrales syndicales. Le 28, François Mitterrand se déclare candidat à une éventuelle élection présidentielle anticipée. Il semble que tout lui échappe et ça se voit.
Alors, que faire quand rien ne semble fonctionner comme prévu ? Et bien, produire soi-même de l’imprévu … Afin de reprendre la main.
De Gaulle part à Baden-Baden. Il ne dit rien à son premier ministre qui se retrouve les heures suivantes sans nouvelles du président. Très vite la rumeur enfle et une question se pose : aurait-il abandonné le pouvoir ?
En vérité, pendant ce temps-là, le président français atterrit sur le sol du quartier général des forces françaises. La conversation s’engage avec le commandant en chef des troupes françaises, le général Massu.
“Tout est foutu, Massu !” De Gaulle à sa descente d’hélicoptère
De Gaulle est déprimé. Il envisage même l’exil en Allemagne avec sa famille. Un comble. Massu, grognard du gaullisme … le sermonne copieusement. Les deux hommes se connaissent bien. Massu n’a pas un caractère facile même avec De Gaulle.
«Mon général, tant pis, qu’est-ce que vous voulez, vous êtes dans la merde, il faut y rester encore. Retournez-y !» le général Massu
Les mots que partage le commandant semblent réconforter petit à petit son prestigieux invité. En fin de conversation, le Général se lève et fait préparer son hélicoptère. Direction l’Elysée.
L’histoire racontée ainsi est trop belle et naïve.
C’est oublier les qualités de stratège de De Gaulle. La plupart des historiens et des commentateurs voient dans cette “disparition” une habile manœuvre. De Gaulle a sûrement envisagé tous les scénarios possibles y compris de quitter le pouvoir. Mais pour décider de la voie à emprunter, il a besoin de plusieurs ingrédients.
Le premier est le recul par rapport à la situation. Et pour cela rien de tel qu’une conversation avec un de ces généraux qui n’a jamais fait dans la courtisanerie. On lui doit cette réplique célèbre lors d’une visite du Général à Alger :
De Gaulle : “Alors Massu, toujours aussi con ?”
Massu : “Toujours gaulliste, mon général !"
De Gaulle cherchait aussi à s’assurer le soutien de l’armée dans les semaines qui viennent en cas de besoin. On ne sait jamais. Le discours volontariste et encourageant (à sa façon) de Massu lui donne les signes positifs qu’il espérait.
Enfin et surtout, la surprise de sa “disparition” a sidéré l’opinion, celle-là même qui l’avait écouté d’une oreille distraite le 24 mai. On ne parle maintenant que de lui et ses partisans sont galvanisés. Ils marquent leur soutien lors d’une manifestation géante le 30 mai 1968.
Ce même jour, De Gaulle clôt les festivités en prononçant à la radio (un canal qui lui a bien réussi par le passé) une allocution à la tonalité martiale.
Il a “pris ses résolutions”. Il ne se retirera pas. Il dissout assemblée nationale et prévient :
“Si donc cette situation se maintient, je devrais pour maintenir la République, prendre, conformément à la Constitution, d’autres voies que le scrutin immédiat du pays.”
Fait-il allusion à une intervention de l’armée ? Probable.
Le 23 juin 1968, les gaullistes remportent aux élections législatives 358 sièges de députés sur 485. C’est une centaine de plus que l’année précédente. À la surprise générale.
Sources :
De Gaulle a disparu : la surprise en stratégie
De Gaulle a disparu ! Que s’est-il vraiment passé à Baden-Baden ?
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🧠 Matière à penser
Quand tout est foutu, la créativité permet de sortir de l’impasse, d’être de nouveau écouté et donc de reprendre la main. Ici, De Gaulle prends tout le monde au dépourvu, les vieilles recettes (celle du référendum) ne marchant plus.
La stupéfaction devant l’inattendu l’a remis au centre du jeu et a réveillé ses partisans.
Quand rien ne va, quelle idée est assez puissante pour reprendre la main ?
Le bonus vidéo
🗳️ La question de la semaine
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