5 grands stratèges de l'Histoire analysés
Qui sont les grands stratèges de l’Histoire ? Quelles sont les qualités qu'ils ont mises en oeuvre ? Retour sur cinq d'entre eux.
Tout le contenu de Morale de l’Histoire est en libre d’accès afin d’être lu par un maximum de personnes. Si vous souhaitez marquer votre soutien à Morale de l’Histoire, c’est possible en souscrivant à un abonnement mensuel (le prix de 3 ☕️ par mois) ou annuel (2 ☕️ par mois). Un grand merci à ceux qui le feront !
Qui sont les grands stratèges de l’Histoire ? Comment Napoléon a-t-il remporté une victoire décisive sans affronter l'ennemi ? Comment Charles de Gaulle, un sous-secrétaire d'État du gouvernement français, est-il devenu le symbole de la Résistance à l'occupant ? Quels sont les conseils de Machiavel pour garder le pouvoir ?
Bref, comment font-ils tous pour jouer des contraintes et arriver à leurs fins ? Que pouvons-nous en retirer ?
C’est l’objet de cette édition de Morale de l’Histoire consacrée aux grands stratèges de l’Histoire.
Napoléon : l’art de la vélocité
J’ai lu il y a quelques années un petit ouvrage très éclairant sur Bonaparte, « Napoléon à la plage » écrit par Richard Fremder, élève de Jean Tulard et créateur de l’excellent podcast historique « Timeline ».
L’auteur nous montre que chaque compartiment de la vie de Bonaparte est guidé par une vision stratégique du monde.
La communication d’abord. Il comprend très tôt les bénéfices qu’il peut retirer de ses premiers exploits militaires et imagine des leviers pour marquer l’esprit des Français.
Ainsi, Napoléon dès la campagne d’Italie fait imprimer à destination du peuple Français le « Journal de Bonaparte et des hommes vertueux ». Très tôt, Bonaparte devient une marque. Ce n’est que le début et son règne sera ensuite marqué par une propagande puissante diffusée par les journaux et les arts. Même déchu, au soir de sa vie, c’est encore lui qui dicte à Emmanuel de Las Cases ses mémoires afin de pérenniser sa légende. C’est le fameux Mémorial de Saint-Hélène, un des livres les plus vendus dans le monde (avec la Bible).
On retrouve cette vision stratégique jusque dans son lit. Ainsi, en se mariant à la jeune autrichienne Marie-Louise, l’empereur consolide son alliance avec l’empire d’Autriche et se donne une chance d’avoir une descendance.
Enfin, et c’est le plus important, c’est un grand stratège militaire influencé par un appétit insatiable de lectures sur les terres qu’il conquiert.
Austerlitz, Iéna, Friedland, ULM ou Wagram sonnent comme autant de victoires éclatantes de l’Empire Napoléonien. On retrouve dans ces victoires la quintessence de la stratégie napoléonienne.
Napoléon, grand stratège de l’Histoire
La victoire sans bataille d’Ulm donne quelques pistes sur la stratégie militaire de Napoléon :
Des troupes légères (les Corps d’Armée) en soutien de la Grande Armée afin d’être le plus agile possible sur le terrain et de perdre l’ennemie.
Des changements d’objectifs rapides afin de protéger l’essentiel.
Une anticipation des décisions de l’adversaire grâce aux forces de renseignements et l’utilisation d’agent double comme Charles Louis Schulmeister.
De Gaulle : l’art de la liberté d’action
Comme le dit Bruno Jarrosson, quand on y pense, le fait que De Gaulle ait été le visage de la France pendant la seconde guerre mondiale et la libération n’avait rien d’évident. Sous-secrétaire d’Etat en 1940, il fallait que le hasard soit de son côté pour l’amener au micro de la BCC ce 18 juin.
Il fallait que le gouvernement Français signe l’armistice, que Churchill veuille bien prendre au sérieux ce militaire autoproclamé voix de la France et qu’aucune personnalité politique de premier plan ne souhaite ou ne puisse lancer un mouvement de résistance.
Le hasard a un nom : le Massilia.
Peu de temps après que Pétain eut formé son gouvernement, de nombreux leaders opposés à sa politique, tels que Daladier ou Mandel, décident de quitter la France à bord du navire « le Massilia », afin de poursuivre la lutte depuis les colonies du nord de l'Afrique. Hélas pour eux, la plupart sont finalement rattrapés par le nouveau pouvoir et sont empêchés d’agir.
De Gaulle est un stratège plus avisé.
Contrairement aux politiques, il sait que l’urgence est de préserver sa liberté d’action et donc à éviter tout contact avec les représentants de l’état susceptibles de l’emprisonner. L’exil est la solution évidente.
Il part donc en Angleterre. Faute de mieux, Churchill lui apporte son soutien. De Gaulle devient le visage de la Résistance en transformant le hasard en opportunité.
On retrouve cette volonté de garder sa liberté d’action au moment de son retour en 58 avec un “Je vous ai compris” qui n’engage à rien. Ou en mai 1968 quand il part à Baden-Baden s’assurer du soutien de l’armée alors que le pouvoir lui échappe.
De Gaulle, grand stratège de l’Histoire
Lors des révoltes étudiantes de Mai 68, De Gaulle semble avoir perdu la main. Ses propositions ne calment absolument pas la situation. Sa stratégie (victorieuse) est une séquence en trois temps :
D’abord surprendre en quittant Paris et en gardant sa destination la plus secrète possible afin de reprendre la main sur l’histoire que se raconte le pays. Il est de nouveau au centre du débat.
Ensuite, s’assurer de sa liberté d’action, en discutant avec Massu, alors commandant des forces armées en Allemagne. Si la situation se dégrade encore, il en a l’assurance, l’armée obéirait à ses ordres.
Finalement, il revient plus confiant, en mobilisant ses partisans après son (faux) départ surprise, et en donnant la parole à la majorité silencieuse grâce à un référendum qui devient un plébiscite.
Machiavel : l’art de garder le pouvoir
Napoléon, Talleyrand, Nixon ou De Gaulle ont tous lu Le prince de Nicolas Machiavel.
On les comprend.
Ce livre, qui vaut une bien mauvaise réputation à son auteur, n’est rien d’autre qu’un guide de bonnes pratiques pour gagner et garder le pouvoir grâce à la virtù, c’est-à-dire, le rapport de force et les circonstances.
C’est le début de la Realpolitik pratiquée depuis par la plupart des dirigeants.
Mais avant d’aller plus loin, parlons de Machiavel et de son temps.
Diplomate florentin, il a connu le pouvoir des Médicis, la théocratie de Savonarole, la faible république de Sorderini tombant comme un fruit trop mûr devant le retour des Médicis.
L’ex secrétaire de chancellerie, accusé d’avoir fomenté avec quelques autres un complot républicain, entreprends de se réconcilier avec les Médicis et notamment leur chef Laurent le Jeune (à ne pas confondre avec le Laurent le Magnifique).
Il faut donc voir Le prince comme… Une lettre de motivation.
Il revient sur 1 500 ans d’Histoire pour décrire en 26 chapitres la stratégie gagnante du pouvoir.
Voici quelques-unes de ses conclusions.
Machiavel, grand stratège de l’Histoire
Le prince est une lecture riche et chaque chapitre est une leçon. Néanmoins je partage 3 d’entre elles qui me semblent être représentatives du propos du livre :
Le prince est à contre-courant de la pensée de Saint Augustin. Le rapport de force et les circonstances sont les vraies matières premières du pouvoir. La morale, non.
Cependant, le contact avec les individus sur le terrain revêt une importance capitale, car sans eux, rien ne peut être accompli. Il faut à tout prix éviter d’être l’objet de leur haine.
Pour conserver le pouvoir, il est essentiel de posséder ses propres moyens de défense, de ne pas dépendre de mercenaires. Il est également indispensable de rester actif en temps de paix, de se préparer constamment à la guerre en explorant inlassablement le terrain, et de partager des aspirations ambitieuses, simples et équitables qui rassembleront tout le monde.
Conclusion : faire la différence par la créativité
Chez chacun de ses personnages, on perçoit aussi la dimension créatrice. Sans elle, les stratégies sont vouées à l’échec car trop prévisibles. Ainsi, Napoléon se dote de son propre outil de guerre, les Corps d’Armée, De Gaulle utilise la surprise pour rallier ses partisans et utilise les médias de son époque pour être le plus écouté possible par la population. Machiavel sort du dogme millénaire de la philosophie chrétienne du pouvoir pour conseiller Laurent le Jeune.
Ces exemples, ainsi que d'autres que vous trouverez dans le eBook à télécharger ci-dessous, illustrent l'importance de la créativité dans une stratégie réussie.
En bonus pour les abonnés payants
Pour lire la version longue avec les 2 analyses supplémentaires et les versions complètes des 3 premières, je vous invite à vous abonner et à soutenir la newsletter afin de recevoir le eBook directement dans votre boîte de réception.
Coup de cœur newsletter
Substack est une mine de newsletters intéressantes. Par exemple, …
De 👉 Les meilleurs outils pour créer des contenus comme votre serviteur. Très orienté IA. Découvertes étonnantes garanties !Au programme, des sujets comme :
CapCut : 7 effets d'IA pour créer des vidéos TikTok
Ou
Comment créer des vidéos sans montrer son visage ?
Merci à lui !
Partagez cet article
Vous avez aimé ? Faites-le savoir en partageant cette édition avec vos contacts !
Bonne semaine à tous !
Alexandre
PS : n’oubliez pas de liker cette édition si vous l’avez appréciée.
Salut Alexandre, merci pour la mention de mon substack ;) Pour ton ebook, ça serait bien de l'avoir dans un format lisible sur smartphone ou liseuse. .epub par exemple.