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Le populisme a pris de nombreuses formes au fil des siÚcles. Raphaël Doan, historien de l'Antiquité, nous emmÚne dans un voyage à travers le temps pour explorer l'origine du populisme dans la Rome antique et ses implications contemporaines. à travers l'exemple des Gracques et de Jules César, nous découvrons comment ce mouvement a façonné la politique romaine et continue d'influencer notre monde actuel.
Voici quelques points essentiels de lâĂ©mission que vous pouvez visionner ici ou sur Youtube Ă partir de 20 h 00 jeudi 11 juillet. Mon invitĂ© est lâauteur de nombreux ouvrages sur lâantiquitĂ©. La base de lâĂ©mission est son premier et excellent livre : « Quand Rome inventait le populisme ».
Quâest-ce que le Populisme ?
RaphaĂ«l Doan dĂ©finit comme « un mouvement politique prĂ©tendant dĂ©fendre les intĂ©rĂȘts du peuple contre une Ă©lite supposĂ©e ». Le populisme nâest pas Ă confondre avec la dĂ©magogie. Les populistes peuvent tenter de maintenir une stabilitĂ© programmatique tout en excluant la participation directe du peuple Ă l'exercice du pouvoir tandis que les dĂ©magogues se caractĂ©risent par « un comportement Ă©lectoraliste qui les amĂšne Ă dire exclusivement ce que leurs auditeurs souhaitent entendre. »
Qui sont les grandes figures du populisme dans la Rome antique ?
Dans la Rome antique, ce concept a émergé avec les réformes agraires des frÚres Gracques au IIe siÚcle avant J.-C.
Tiberius et Gaius Gracchus ont tentĂ© de redistribuer les terres publiques aux citoyens romains appauvris, un acte rĂ©volutionnaire qui a dĂ©clenchĂ© une vive opposition de la part des Ă©lites conservatrices. Leur tragique assassinat souligne les tensions profondes entre les besoins des plĂ©bĂ©iens et les intĂ©rĂȘts des patriciens, entre la Rome du bas et la Rome du haut.
AprÚs les Gracques, le populisme romain a pris une nouvelle forme avec l'émergence des généraux comme Marius et Jules César. Ces leaders militaires ont gagné le soutien populaire non seulement par leurs succÚs sur le champ de bataille, mais aussi par leurs promesses de récompenses matérielles pour leurs soldats et vétérans.
Marius, par exemple, a utilisé ses victoires contre les Germains et en Afrique pour renforcer son image de défenseur du peuple. Raphaël Doan note : "Jules César, quant à lui, incarne à la fois le succÚs politique et la gloire militaire, utilisant ses campagnes en Gaule pour asseoir son autorité et sa popularité."
Pourquoi les populistes ont-ils gagné face aux optimates ?
L'exemple de la Rome antique avec Raphaël Doan illustre bien les défis politiques posés par le populisme. Les Optimates, opposés aux populistes, « incarnaient le statu quo » et ne proposaient aucune réforme tangible, rendant leur position difficile à défendre sur le plan politique.
En revanche, les populistes, ou Populares, avaient un programme clair et positif visant à redistribuer les terres et à renforcer les institutions plébéiennes. Cette dynamique mettait en lumiÚre la difficulté de maintenir un systÚme politique immuable face à des propositions de changement concret.
Quels sont les traits communs entre les populistes dâhier et dâaujourdâhui ?
Les parallÚles entre le populisme romain et les stratégies politiques contemporaines sont frappants. Comme les leaders populistes de l'Antiquité, certains politiciens modernes utilisent des rhétoriques anti-élite pour mobiliser le soutien populaire. Emmanuel Macron, par exemple, a tenté de se réapproprier le terme de populiste pour se présenter comme un véritable représentant du peuple, transcendant les divisions politiques traditionnelles. Cette stratégie rappelle celle de Cicéron, qui, bien qu'étant un aristocrate, a essayé de se positionner comme un populiste modéré.
"Nous voyons aujourd'hui des parallĂšles frappants », synthĂ©tise RaphaĂ«l Doan, « oĂč les politiciens contemporains adoptent des stratĂ©gies similaires pour attirer le soutien populaire contre les Ă©lites."
Comment Ă©viter lâĂ©mergence des mouvements populistes ?
Selon RaphaĂ«l Doan la dĂ©mocratie directe est un puissant remĂšde contre le populisme. Dans des systĂšmes dĂ©mocratiques robustes comme celui de la Suisse, oĂč le rĂ©fĂ©rendum est frĂ©quent, les politiciens populistes trouvent moins d'espace pour prospĂ©rer.
En effet, le rĂ©fĂ©rendum permet aux citoyens de s'exprimer directement, ce qui empĂȘche les populistes de prĂ©tendre reprĂ©senter mieux le peuple que les Ă©lites en place.
Raphaël Doan cite également l'exemple de la démocratie athénienne, qui n'a jamais connu de mouvements populistes équivalents grùce à la participation directe des citoyens dans la législation :
«Au fond, la clĂ© pour contrer le populisme rĂ©side dans la rĂ©duction des obstacles Ă la reprĂ©sentation directe et l'adoption de mĂ©canismes rĂ©fĂ©rendaires dĂ©barrassĂ©s de la dimension personnelle et plĂ©biscitaire quâon lui attribue aujourdâhui. »
Pour aller plus loin :
« Quand Rome inventait le populisme », Raphaël Doan
La Tribune de mon invitĂ© sur Le Figaro « «En cas de paralysie de lâAssemblĂ©e nationale, lâoption de gouverner par rĂ©fĂ©rendums».
Le site du Laboratoire Vestigia
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