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Les exemples de leadership dans le vivier des personnages historiques ne manquent pas. Câest mĂȘme le moteur de lâHistoire et celui de cette newsletter. Je vous propose de faire un pas de cĂŽtĂ© par rapport aux Ă©ditions habituelles de la newsletter en analysant les qualitĂ©s de leaders de certains pour nous amener Ă 5 styles de leadership.
Thatcher, la reine de la punchline
Je ne pense pas voir dans ma vie une femme accéder à la fonction de Premier ministre.
Cette citation date de 1973. Elle a Ă©tĂ© prononcĂ©e par⊠Margaret Thatcher, 6 ans, donc avant sa premiĂšre Ă©lection au sommet de lâĂ©tat. Ătonnant personnage que cette fille de petit commerçant, membre lui-mĂȘme du parti conservateur.
Cette ascension, elle la doit notamment Ă une communication trĂšs efficace, souvent ironique, toujours franche.
Voici quelques exemples :
« Vous et moi, nous utilisons la route ou le rail. Mais les économistes, eux, voyagent sur des infrastructures. »
Ou encore le célÚbre :
â I want my money back! â plaidant pour que le Royaume-Uni soit indemnisĂ© par la C.E.E dâune partie de ses contributions. Ce quâelle rĂ©ussira Ă obtenir.
Thatcher ne manque pas dâhumour comme lors de son discours devant le CollĂšge dâEurope Ă Bruges le 20 septembre 1988 :
âVous mâavez invitĂ©e Ă parler de la Grande-Bretagne et de lâEurope. Je devrais peut-ĂȘtre vous fĂ©liciter de votre courage. Si vous croyez certaines choses quâon raconte ou quâon Ă©crit au sujet de mon opinion sur lâEurope, câest presque inviter Gengis Khan Ă parler des vertus de la coexistence pacifique !â
DerniĂšre illustration de son talent oratoire, on lui doit dâavoir popularisĂ© le slogan « There Is No Alternative » Câest le fameux TINA utilisĂ© depuis pas tant dâhommes politiques.
Elle sait exprimer lâessentiel avec des formules chocs. Politiquement, elle sait mettre le feu aux poudres, tenir sa position, passer par-dessus les conventions et trouver quelques formules marquantes autant pour dĂ©stabiliser lâadversaire que pour se sĂ©duire son opinion.
Câest indĂ©niablement la reine des punchlines.
Ce que nous pouvons retenir de Margaret Thatcher
Elle a construit son âidĂ©ologieâ avant de prendre ses fonctions en lisant les Ă©conomistes libĂ©raux et en intĂ©grant un Think Tank.
Elle parle simplement. Pas un mot de trop. Lâessentiel est prĂ©sent et marque les esprits et nâhĂ©sitant pas Ă choquer si nĂ©cessaire.
Elle utilise les événements, bons ou mauvais, comme des opportunités pour diffuser ses idées.
Kennedy, le leader motivant
Le 21 juillet 1969, un homme marche sur la Lune.
DerriĂšre cet homme, il y a des centaines de milliers dâingĂ©nieurs, dâanalystes, dâentreprises et dâadministrations mobilisĂ©s depuis le 12 septembre 1962 oĂč Kennedy annonce lors dâun discours :
Nous avons choisi dâaller sur le Lune.
Le 35e prĂ©sident amĂ©ricain a pu constater la puissance de la folle ambition quâil avait fixĂ©e Ă son pays.
Plus tard, Kennedy visite lâun des nombreux bĂątiments de la NASA. Il est accompagnĂ© de journalistes et de ses plus proches collaborateurs. Il aperçoit Ă quelques mĂštres un homme, balais Ă la main, regardant la scĂšne, fascinĂ©. Câest le concierge de lâimmeuble.
Le jeune prĂ©sident sâapproche de lui et lui demande :
« Que faites-vous ici ? »
La réponse du concierge du bùtiment fuse :
« Je suis en train dâaider un homme Ă aller sur la Lune »
Du PrĂ©sident au concierge, tous les acteurs du programme Apollo Ă©taient donc motivĂ©s par la mĂȘme ambition. C'est vraiment une rĂ©ussite remarquable !
Le secret ? Kennedy a joué sur plusieurs piliers essentiels de la motivation.
Le premier est lâobjectif. Amener un homme sur la Lune et le ramener (vivant) sur Terre. Cette ambition coche toutes les cases pour motiver les troupes. Câest Ă la fois trĂšs simple Ă exprimer, trĂšs ambitieux et porteur de sens en pleine guerre froide.
Le second est le besoin de maĂźtrise et dâexcellence. La NASA rassemble Ă lâĂ©poque les meilleurs ingĂ©nieurs du pays et du monde. HabituĂ©s Ă lâexcellence, on leur demande de travailler sur les problĂ©matiques les plus compliquĂ©es de leur carriĂšre.
7 ans plus tard, Neil Armstrong et Buzz Aldrin posent les premiers leurs pieds sur la Lune.
Ce que nous pouvons retenir de J.F Kennedy
Il fixe un objectif simple et ambitieux.
Il sait jouer sur les 3 piliers de la motivation : autonomie, maĂźtrise et sens.
Ses discours sont toujours de grands moments rhĂ©toriques oĂč il sait mettre le spectateur au centre de lâaction.
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Colbert, le grand organisateur
Il y a des personnages historiques qui se distinguent par leur talent dâorganisateur et qui marquent durablement lâHistoire.
Câest le cas de Jean-Baptiste Colbert qui a permis Ă lâĂtat français de passer de la fĂ©odalitĂ© Ă la modernitĂ© Ă la fin du XVIIe siĂšcle. Ă tel point que lâon parle aujourdâhui de colbertisme, une politique mercantiliste et industrialiste Ă qui nous devons les manufactures comme Saint-Gobain ou encore le canal du Midi pour favoriser la circulation des marchandises entre la MĂ©diterranĂ©e et lâAtlantique.
Colbert se distingue de ses prédécesseurs sur trois points.
Tout dâabord, il a compris le coĂ»t de lâintermĂ©diation et anime ainsi des Ă©quipes rĂ©duites, une douzaine de conseillers dâĂ©tat seulement alors que le cabinet dâun premier ministre aujourdâhui compte dĂ©jĂ 50 personnes. Cette logique, on la retrouve dans le prĂ©lĂšvement de lâimpĂŽt qui coĂ»tait avant Colbert plus de 50 % des recettes du fait dâun nombre Ă©levĂ© dâintermĂ©diaires privĂ©s. Colbert demande Ă une trentaine dâintendants (les prĂ©fets) de prĂ©lever lâimpĂŽt afin de rĂ©duire drastiquement le coĂ»t de recouvrement de lâimpĂŽt. Less is more en somme.
Ensuite, Colbert se distingue par sa méthode de travail et de prise de décision :
âLâĂtat collecte de maniĂšre normalisĂ©e les informations quantitatives et qualitatives sur la situation Ă©conomique et sociale. Ă partir de ces donnĂ©es, il met ensuite en Ćuvre une politique Ă©conomique globale sur la longue durĂ©e. DerniĂšre Ă©tape, lâĂ©valuation des politiques publiques qui permet de les modifier ou nonâ Marc-Daniel Seiffert dans âColbert : une source dâinspiration pour les dĂ©cideurs dâaujourdâhuiâ.
Enfin, Colbert sait aussi regarder ce qui marche pour les autres pays et notamment les Provinces-Unis (la Hollande) qui dominent Ă©conomiquement lâEurope Ă lâĂ©poque. Il crĂ©e ainsi la Compagnie des Indes Occidentales et sa jumelle la Compagnie des Indes Orientales afin dâimporter en France du sucre, du cacao, de la porcelaine ou du thĂ© et quelques matiĂšres premiĂšres importantes qui viendront enrichir le royaume.
Colbert est au fond un homme de raison dans un monde de traditions.
Ce que nous pouvons retenir de Colbert
LâintermĂ©diation coĂ»te toujours plus cher quâon le pense. Avant de rajouter une strate managĂ©riale dans une Ă©quipe, il faut y rĂ©flĂ©chir Ă deux fois. Comme le dit Jurgen Appelo : on peut avoir moins de managers et plus de management.
Sans un minimum de données dans un projet, on a toutes les chances de se planter. Il transforme ses intuitions en conviction par un travail de recherche de données qualitatives et quantitatives.
Pour rĂ©soudre un problĂšme complexe, il faut souvent chercher la solution en prenant de la hauteur de vue. Câest ce quâa fait Colbert en regardant en dehors de France les possibilitĂ©s dâenrichissement. La solution se trouve alors plus haut que le problĂšme quâelle peut rĂ©soudre.
Rarement cité dans les exemples de leadership, Gambetta, le leader opportuniste
Le 4 septembre 1870, au surlendemain de la défaite de Sedan, un homme proclame la IIIe République.
Gambetta, avocat de profession, est habituĂ© aux combats rhĂ©toriques. Il doit maintenant mener un combat politique. Car le 4 septembre, rien nâest gagnĂ©. Les Français souhaitent le retour de la monarchie synonyme de calme et dâordre en la personne du comte de Chambord, Henri dâArtois, qui doit rĂ©gner sous le nom dâHenri V.
Cela nâarrivera pas.
Et nous devons cela en grande partie Ă Gambetta, Ă sa combativitĂ© et Ă son sens de lâopportunisme comme le montre son coup de force du 4 septembre 1870.
Refusant dâarrĂȘter la guerre contre les Prussiens, il est ostracisĂ© par ses amis aprĂšs la victoire aux Ă©lections de 1871 des partisans de la Restauration.
Peu importe ; Il persĂ©vĂšre et revient quelques mois plus tard, moins radical et plus ouvert. Il ne veut pas que la RĂ©publique fasse peur alors, il soutient chaque pas dans la bonne direction et accueille dans son camp nâimporte qui pourvu quâil soutienne le nouveau rĂ©gime.
Le 30 janvier 1875, la rĂ©publique provisoire devient constitutionnelle avec lâamendement Vallon qui nomme enfin la nature du rĂ©gime. Il est votĂ© avec une voix de majoritĂ© notamment grĂące au soutien de Gambetta.
Lâopportunisme a fini par payer.
Ce que nous pouvons retenir de Gambetta
Il repĂšre les opportunitĂ©s dans les Ă©vĂ©nements qui lâentourent. Lâopportunisme, ce nâest pas sale.
Les doctrines et les méthodes sont un moyen et non une finalité.
Il ouvre grand les bras à ceux qui souhaitent participer à son projet. Toute majorité a commencé comme une minorité.
Jeanne DâArc, femme dâune unique conviction
Câest un des exemples de leadership les plus marquants pour notre pays.
Michelet dit dâelle :
Souvenons-nous toujours, Français, que la patrie, chez nous, est nĂ©e du cĆur dâune femme, de sa tendresse, de ses larmes, du sang quâelle a donnĂ© pour nous.
Car elle ne doute pas. Pour convaincre, il faut ĂȘtre convaincu. Jeanne dâArc sait que son destin est de sauver la France. Câest ce quâelle fit en 3 ans seulement.
Selon la lĂ©gende, lâArchange Saint Michel accompagnĂ© de Sainte Catherine et Sainte Marguerite lui demande de libĂ©rer OrlĂ©ans, puis le royaume de France et enfin de conduire le Dauphin Ă Reims pour son sacre.
Elle sây employa sans jamais douter malgrĂ© plusieurs blessures au combat. Il faut dire que selon elle, la fiche de poste venait dâen haut.
Cette force de conviction lui a permis de convaincre petit Ă petit lâentourage du Dauphin (le futur Charles VII) puis le Dauphin lui-mĂȘme de sa valeur et de lâaide quâelle pouvait apporter aux combats Ă venir.
Elle devient cheffe de guerre et amĂšne le dauphin Charles Ă Reims pour son couronnement le 17 juillet 1429.
Cette victoire marque le dĂ©but de sa fin. Mais câest une autre histoire.
Ce que nous pouvons retenir de Jeanne dâArc
Elle ne doute pas de la justesse de sa cause. MĂȘme si celle-ci Ă lâair folle.
Sa personnalité est son principal atout pour amener ses interlocuteurs à son point de vue.
Jeanne dâArc persĂ©vĂšre, mĂȘme quand tout semble perdu comme Ă OrlĂ©ans. Elle est dĂ©terminĂ©e.
Conclusion
Nous avons tant de choses Ă apprendre des personnages qui ont marquĂ© notre histoire. Ils sont comme nous, ont les mĂȘmes qualitĂ©s et dĂ©fauts, mais scrutĂ©s et analysĂ©s par des millions dâhistoriens et de passionnĂ©s. De ce travail, nous pouvons tirer mille et un enseignements sur leur vie mais aussi sur la nĂŽtre.
Un puits sans fond dâinspiration.
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